
Je ne suis qu’un homme
Depuis mon arrivee en Schleuland, je loge dans une “Penzion” : la pension de Frau Kuri. Frau Kuri est tres symtathique, elle m’amene le cafe tous les matins avec son sourire et son habituel “Der Kaffee kommt, Bittesehr” et tous les matins, je reponds invariablement “Dankesehr”. Bien sur, mon niveau d’allemand ne me permet pas de discussion elaboree, mais j’ai deja bien progresse et Frau Kuri me raconte ses week-ends, ses peripeties quotidiennes, et me renseigne sur les coutumes locales.
Mais, depuis que j’ai appris, puis vu de mes propres yeux que Frau Kuri avait une fille, je progresse en allemand de maniere vertigineuse : apres avoir evite sa voiture en roller et avoir echange quelques regards au petit dejeuner, Diana, la fille en question, m’a invite pour une “Uberraschung” (une surprise). Mais laissez-moi, vous raconter cela.
Devant la morosite de la seconde periode d’Italie-Danemark, quelques coups legers virent tinter a ma porte ; je me doutais bien que c’etait elle, ce dont je ne me souvenais pas c’est que ses yeux etaient si bleus et si grands, ses jambes etaient si fines et si legerement vetues d’une juppe si courte. Bien sur, quand on vous propose d’aller n’importe ou en si charmante compagnie, vous acceptez d’aller au bout du monde, meme si Frau Kuri et la petite soeur Lena sont presentes.
J’ai donc ete invite au restaurant grec, puis au bar d’un hotel du parc d’attraction du coin pour une soiree chaleureuse ou j’ai du m’employer a parler la langue de Karl Marx. Heureusement, il reste des expressions qui ne necessitent pas de paroles pour etre comprises.
Et quand vient l’heure de la derniere cigarette partagee sur le pas de la porte, que les baisers d’au revoir trainent sur ma joue en direction de mes levres, que son regard profond se noie dans mes yeux hagards, que son soupir se fait languissant, que mes mains tremblent pour eviter sa peau, que son corps in(can)decent n’en finit pas de me bruler l’esprit, il faut etre responsable, mentalement fort, et respectueux.
Elle a vingt-et-un ans a la limite, j’en ai vingt-huit.
Elle est irresistible et je suis celibataire depuis trop longtemps.
Chers lectrices, cher lecteurs de LVDU/LADA, pardonnez-moi de vous dire si cruement la verite.
Je ne suis qu’un homme avec une putain de morale et des principes a la con :
j’ai dormi seul avec mon desespoir.